Le secteur des fusions et acquisitions (M&A) traverse aujourd’hui sa plus profonde transformation depuis des décennies, et les victimes se multiplient. Ce qui n’était au départ qu’une adoption expérimentale de l’IA par quelques entreprises avant-gardistes s’est rapidement mué en une restructuration en profondeur de la dynamique concurrentielle. Les professionnels des fusions-acquisitions qui persistent à s’appuyer sur des processus traditionnels se trouvent désormais face à une question existentielle : s’adapter ou céder du terrain à leurs concurrents.
Les chiffres détaillés dans notre dernier /em> livre blanc « » (L'IA dans les fusions et acquisitions : une nouvelle donne pour les professionnels du secteur) sont éloquents.
En 2025, les cabinets de fusions-acquisitions ayant pleinement intégré l’IA dans leur processus de négociation réaliseront des rendements pour leurs actionnaires jusqu’à 1,6 fois supérieurs à ceux de leurs homologues traditionnels, concluront des transactions en quelques semaines plutôt qu’en plusieurs mois et identifieront des opportunités de création de valeur que les analyses conventionnelles négligent souvent.
Dans le même temps, les cabinets traditionnels, qui n’exploitent l’IA qu’en partie, se voient de plus en plus cantonnés à des transactions modestes et peu stratégiques – une position vulnérable dans un secteur où la taille et la sophistication conditionnent la survie.
Le fossé croissant en matière de performances
La fracture concurrentielle entre les cabinets de fusions-acquisitions traditionnels et ceux ayant adopté l’IA a dépassé le stade des avantages marginaux pour devenir un véritable écart de performance, menaçant la viabilité des approches conventionnelles.
Les précurseurs ne se contentent pas de travailler plus vite : ils évoluent selon un paradigme totalement différent. Prenons l’exemple de la rapidité d’exécution des transactions : les cabinets utilisant l’IA concluent des opérations en quelques semaines, contre plusieurs mois pour leurs homologues traditionnels. Dans les appels d’offres concurrentiels, cet avantage temporel est souvent décisif. Ces acteurs plus rapides obtiennent également de meilleurs rendements financiers.
Les recherches présentées dans notre livre blanc « L'IA dans les fusions et acquisitions : une nouvelle ère de création de valeur » montrent que 80 % des acquéreurs ayant recours à l’IA enregistrent des rendements supérieurs pour leurs actionnaires, avec une croissance du chiffre d’affaires générée par les combinaisons basées sur l’IA en moyenne 1,5 fois plus élevée que celle des transactions traditionnelles. Il ne s’agit pas de simples améliorations marginales, mais d’un changement profond dans la capacité de création de valeur, que les approches classiques ne peuvent égaler.
Le plus préoccupant reste sans doute l’écart majeur entre les capacités analytiques des équipes traditionnelles et celles des entreprises ayant adopté très tôt l’IA en M&A. Limités par des contraintes humaines, les cabinets traditionnels n’examinent en général qu’une partie des documents disponibles et s’appuient sur des méthodes d’échantillonnage, passant inévitablement à côté de détails essentiels. Les systèmes d’IA, eux, analysent l’intégralité des documents avec une rigueur constante, révélant des informations et des risques que les analyses partielles ne permettent tout simplement pas de détecter.
La révolution de la due diligence
C’est dans le domaine de la due diligence – historiquement la phase la plus longue et la plus coûteuse de toute transaction – que le désavantage des cabinets traditionnels est le plus marqué. Les plateformes basées sur l’IA ont profondément transformé ce processus critique grâce à l’automatisation de l’examen documentaire, à l’identification des risques en temps réel et à l’extraction d’informations à forte valeur ajoutée.
La due diligence traditionnelle reste largement manuelle et mobilise des équipes d’analystes pendant des semaines pour examiner des milliers de contrats, de documents et d’états financiers. Cette approche est non seulement lente, mais également sujette à des incohérences. Les systèmes d’IA, eux, réalisent les examens initiaux en quelques jours, avec une cohérence et une rigueur inédites, réduisant ainsi les délais de due diligence de jusqu’à 50 %, tout en améliorant la qualité de l’analyse.
L’écart de sophistication dépasse la seule question de la vitesse : il s’étend aux capacités analytiques. Les grands modèles linguistiques (LLM) et le traitement automatique du langage naturel (NLP) permettent aux systèmes d’IA d’analyser simultanément des milliers de contrats, en identifiant les clauses standard, les clauses inhabituelles et les points de négociation potentiels que des analystes humains pourraient omettre. Ils évaluent également les présentations de la direction, les communications internes et les études de marché afin de mesurer la culture organisationnelle, l’alignement stratégique et les défis d’intégration – un niveau d’analyse que les approches traditionnelles ne peuvent égaler à grande échelle.
Les capacités d’évaluation des risques en temps réel, intégrées aux plateformes IA, assurent une surveillance continue tout au long du processus : suivi des évolutions réglementaires, veille sur l’actualité des entreprises cibles et sur le sentiment exprimé sur les réseaux sociaux, avec alertes immédiates aux équipes transactionnelles en cas de signaux pouvant impacter la valorisation ou la structuration de l’opération.
Un désavantage cumulé
Les cabinets de fusion-acquisition traditionnels sont confrontés à un défi particulièrement difficile : leurs inconvénients s'accumulent au fil du temps, tandis que les avantages de leurs concurrents s'accélèrent. Chaque transaction réalisée par des cabinets utilisant l'IA génère des données et des informations supplémentaires qui améliorent leurs algorithmes, élargissent leurs capacités de reconnaissance des modèles et renforcent la précision de leurs prévisions.
Les implications en matière de talents sont tout aussi difficiles.
À mesure que l’adoption de l’IA se généralise dans le secteur, les professionnels les plus compétents se tournent vers les entreprises offrant des outils et des méthodologies de pointe. Les cabinets traditionnels peinent de plus en plus à attirer et à fidéliser ces talents, car les professionnels ambitieux savent que les environnements reposant sur l’IA offrent de meilleures opportunités d’apprentissage, un travail plus stimulant et des perspectives de carrière nettement supérieures.
Les attentes des clients ont, elles aussi, évolué rapidement.
Les responsables du développement corporate et les partenaires de capital-investissement qui ont expérimenté des processus transactionnels optimisés par l’IA n’acceptent plus les délais traditionnels ni les limites analytiques des approches classiques. Ils exigent désormais la rapidité, la profondeur et la précision qu’offre l’IA, rendant la concurrence pour les mandats les plus stratégiques de plus en plus difficile pour les cabinets traditionnels.
Le piège des retardataires
Les entreprises qui n'ont pas encore adopté l'IA prennent rapidement du retard. Les utilisateurs de l'IA peuvent analyser des transactions en une fraction du temps dont ont encore besoin les non-utilisateurs. Cela place les retardataires dans une position très désavantageuse lorsqu'il s'agit de remporter des contrats ou de détecter rapidement des problèmes.
Les implications financières sont graves.
Les acquéreurs traditionnels ont du mal à justifier les primes de transaction sans les capacités d'identification et de capture des synergies améliorées par l'IA. Ils se retrouvent en concurrence avec des entreprises qui disposent de capacités analytiques supérieures, de délais d'exécution plus courts et de meilleurs antécédents en matière d'intégration post-fusion.
Le plus difficile est peut-être le coût croissant du rattrapage.
À mesure que les capacités de l'IA progressent et se perfectionnent, les investissements nécessaires pour rester compétitif augmentent. Les entreprises traditionnelles doivent investir simultanément dans la technologie, former leur personnel et repenser leurs processus, tout en rivalisant avec des entreprises qui ont déjà opéré cette transformation.
Sécurité et conformité : la vulnérabilité cachée
Les entreprises traditionnelles sont confrontées à des risques accrus dans un environnement de plus en plus réglementé, où les exigences en matière de sécurité des données et de conformité se renforcent constamment. Les processus manuels créent des vulnérabilités intrinsèques que les systèmes d’IA sophistiqués peuvent corriger grâce à des mécanismes de protection intégrés, un cryptage avancé et des pistes d’audit complètes.
Les méthodologies traditionnelles, reposant sur le traitement humain de documents sensibles et sur des procédures de conformité manuelles, exposent les entreprises à des amendes réglementaires et à des atteintes à leur réputation, de plus en plus fréquentes ces dernières années. Les plateformes basées sur l’IA offrent, quant à elles, une sécurité de niveau entreprise et un contrôle automatisé de la conformité que les approches classiques ne peuvent égaler.
Si vous souhaitez découvrir comment Drooms gère la sécurité des données et la conformité en matière d'IA, consultez notre blog.
La voie à suivre : se transformer ou disparaître
Les faits sont clairs : l'IA n'est plus une option dans le domaine des fusions-acquisitions, elle est désormais indispensable. Les entreprises traditionnelles qui utilisent des méthodes anciennes sont en grande difficulté, et cette situation ne fera qu'empirer à mesure que de plus en plus d'entreprises adopteront l'IA.
Les recherches présentées dans notre livre blanc montrent que 80 % des négociateurs utiliseront l'IA tout au long de leur processus de transaction d'ici trois ans. L'IA passe du statut de technologie de pointe à celui de pratique courante, laissant derrière elle les approches traditionnelles.
Le choix qui s’offre aux cabinets traditionnels spécialisés dans les fusions-acquisitions est simple mais sans équivoque : adopter dès maintenant une transformation complète fondée sur l’IA ou accepter une marginalisation progressive dans un secteur en pleine mutation rapide et radicale. Les demi-mesures et une adoption graduelle ne suffiront pas : les écarts de performance sont trop importants et le rythme du changement trop soutenu pour que des réponses timides soient efficaces.
L’avenir des fusions-acquisitions est déjà là, et il est porté par l’intelligence artificielle. Les cabinets traditionnels qui prennent conscience de cette réalité et agissent avec détermination disposent encore d’une fenêtre pour se transformer. Ceux qui ne le feront pas deviendront les victimes de la plus profonde évolution qu’ait connue ce secteur depuis des décennies. La grande fracture des fusions-acquisitions n’est pas à venir, elle est déjà là. La seule question est : de quel côté de l’histoire votre cabinet choisira-t-il de se trouver ?
Note de l'auteur
Le contenu et les données de cet article sont tirés de notre dernierlivre blanc intitulé , qui synthétise les recherches et les connaissances des principaux cabinets de conseil et sources du secteur, ainsi que nos propres connaissances et expériences, afin de fournir une vue d'ensemble de l'impact de l'IA sur les fusions-acquisitions. L'analyse est basée sur des données transactionnelles, des indicateurs de performance et des enquêtes sectorielles réalisées entre 2024 et 2025, qui représentent les informations les plus récentes disponibles sur ce sujet en rapide évolution.
